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Un athéisme qui boude la science ?
Avant-propos
dimanche 25 décembre 2016, par
Ce qui étonne dans l’athéisme contemporain, c’est son peu d’intérêt pour la science. Ceux qui en font la promotion dans les médias tiennent la « mort de Dieu » pour un fait acquis et ne croient plus utile de lui emprunter de nouveaux arguments ; même s’ils leur sont fournis par des chercheurs engagés dans leur mouvance, comme Jacques Monot ou Stephen Hawkins. Ils ont changé leur fusil d’épaule et préfèrent désormais porter la lutte sur le terrain de l’histoire ; en la revisitant à leur façon, de manière à faire retomber sur les religions, et en particulier sur les monothéismes, la responsabilité de tous ses drames.
La conséquence de cette attitude c’est qu’à la considérer dans sa version « grand public », leur idéologie semble aujourd’hui se développer sans tenir aucun compte des changements de paradigme que la pensée scientifique a subis depuis bientôt un siècle ; sans se soucier de ce retournement radical des perspectives de la connaissance que le professeur Trinh-Xuan-Thuan, éminent astrophysicien, a pu résumer en ces quelques mots :
« Après avoir dominé la pensé occidentale pendant 300 ans, la vision newtonienne d’un Univers fragmenté, mécaniste et déterministe a fait place à celle d’un monde holistique, indéterministe et exubérant de créativité ». (in « Le chaos et l’harmonie »).
L’athéisme d’aujourd’hui ne se contente pas de nier la valeur théorétique de la foi, il ferme aussi les yeux sur un déplacement épistémologique qui est en train de renouveler en profondeur l’univers mental de l’homme moderne, en lui permettant d’accéder à des niveaux de réalité que ne mettent à sa portée, ni les intuitions de son esprit, ni le formalisme de sa raison.
A lire les auteurs qui voudraient tourner une fois pour toutes la page des « superstitions », et à considérer leur manière d’envisager le « fait religieux », on a l’impression que leur pensée ne s’embarrasse d’aucune des grandes découvertes de notre temps ; qu’aucune d’entre elles n’a réussi à entamer ce positivisme sous-jacent et ce scientisme réducteur qui imprègnent encore si profondément la mentalité du grand nombre. Leurs discours ne prennent généralement en compte, ni la théorie de la Relativité qui a pourtant ébranlé les « intuition a priori » du temps et de l’espace, ni la Mécanique Quantique dont les expériences déjouent pourtant notre conception de la causalité, ni ce fameux « théorème d’incomplétude » par lequel le grand mathématicien Kurt Gödel a pourtant assigné une limite aux efforts de rationalisation de la pensée humaine.
A l’évidence, les développements récents de la science n’inspirent guère d’enthousiasme aux nouveaux maîtres penseurs de l’athéisme ; notamment au médiatique professeur Dawkins qui veut bien admettre que la physique quantique « frappe peut-être déjà aux portes de l’inconnaissable » ( ndbp :« Pour en finir avec Dieu »), mais montre à la vérité fort peu d’empressement à tirer les conséquences de ce fait capital, et continue à rouler, comme si de rien n’était, sur un credo matérialiste aussi réducteur que rassurant.
L’incompatibilité de la foi et de la raison étant aujourd’hui posée comme un dogme intangible, ces prophètes ne semblent pas s’être aperçus que la science est en train de modifier de font en comble les modalités de notre pensée.
Ce texte est un extrait de "L’athéisme va-t-il mourir ? ou l’évidence indécise"
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